L'Eternelle Tristesse de Hiroshima

Je me suis rendu en train du mont sacré Koya-san au chaos et à l'agitation d'Osaka, pour rejoindre la triste ville de Hiroshima. Le 6 août 1945, la bombe atomique a été lâchée sur Hiroshima par le bombardier américain B-29, Enola Gay.

En premier lieu, j'ai visité le Dôme de la Bombe Atomique qui se trouve sur les berges. Les ruines sont tout ce qu'il reste du Palais d'exposition industrielle de la Préfecture, qui s'élevait à cent soixante mètres au-dessus du souffle de l'explosion. Toutes les personnes qui se trouvaient à l'intérieur ont été tuées instantanément. L'Aioi-bashi est le pont en forme de "T" surplombant les rivières Honkawa et Motoyasu qui était visiblement la cible de la bombe. Contre toute attente, bien qu'il ait été endommagé de part et d'autre, le pont ne s'est pas effondré et après avoir été réparé, il a été utilisé jusqu'à ce qu'il ait été remplacé en 1983. J'ai parcouru la partie Est du pont et marché le long de la rivière Honkawa, en direction du Parc du Mémorial. C'est un endroit calme, avec seulement quelques personnes qui rendent hommage aux victimes. L'Horloge de la Paix (Peace Clock) offerte par le Lions Club se trouve sur la rive opposée à celle du Dôme. Chaque jour à 8h15, l'horloge sonne en signe de paix constante. Plus loin se trouve la Butte du Mémorial de la Paix. Les adolescents de la région font du skateboard le long du chemin qui lui fait face, comme s'il s'agissait d'un parc urbain ordinaire.

Le Monument de la Paix des Enfants se trouve au centre du parc. A cet endroit, de nombreuses rangées de grues en papier sont gardées dans des boîtes protectrices entourant la statue du mémorial. Sadako Sasaki avait dix ans quand on lui a diagnostiqué une leucémie et a été exposée au radiation de la bombe atomique depuis qu'elle était âgée de deux ans. Elle pensait qu'elle pourrait guérir si elle parvenait à faire mille grues en papier. Malheureusement, elle est décédée après avoir réalisé six cents quarante quatre grues. Ses camarades de classe ont décidé de plier les grues restantes en sa mémoire, et depuis, elles sont devenues un symbole d'espoir, de longévité et de bonheur au sein du parc.

De l'autre côté de la route, on trouve la flamme éternelle et le Musée du Mémorial de la Paix. Je ne veux pas y entrer. Le parc n'était pas aussi poignant que ce à quoi je m'attendais, mais ce n'est pas un lieu plaisant. Comment pourrait-il l'être ? Le parc est propre et irréprochable, mais personne ne semble s'y attarder ou s'y balader comme dans les autres parcs urbains.

On me dit que la ville s'est reconstruite pour devenir une métropole moderne de plus d'un million de personnes, célèbre pour son dialecte local particulier, une cuisine qui lui est propre et son mélange éclectique d'anciens et de nouveaux tramways. Les anciens trams iconiques sont appelés chinchin densha (à ne pas confondre avec une expression argotique japonaise dont la sonorité est similaire). Pourtant, aujourd'hui, je ne vois aucun signe de cette prospérité mais seulement de la tristesse.

Bien entendu, de nombreux mythes existent et portent notamment sur la manière dont il a été choisi que Hiroshima soit détruite. L'histoire prétend que Kyoto figurait en fait en tête de la liste des villes que les Américains envisageaient comme cibles de la bombe atomique. Une autre histoire veut simplement qu'en ce jour funeste, la météo empêchait Kyoto d'être bombardée et qu'il a alors été décidé de se reporter sur Hiroshima. Toutefois, une version évoque Henry Stimson, le Secrétaire de Guerre Américain. On dit qu'il s'est rendu à Kyoto avant la guerre et qu'en dépit de tout protocole, il a retiré Kyoto de la liste des cibles potentielles : il a ainsi scellé le destin de Hiroshima. Plus tard, lorsque la guerre fut terminée, Stimson est retourné à Kyoto pour y célébrer sa lune de miel.

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