Le Kōfuku-ji nous rappelle aujourd’hui avec splendeur la gloire passée de Nara, capitale du Japon de l’an 710 à l’an 784. Constitué de plusieurs édifices d'une grande valeur culturelle, il fait partie des « Monuments historiques de l’ancienne Nara », liste inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. La pagode à cinq étages du Kōfuku-ji, la deuxième plus haute pagode du Japon, est un des grands symboles de Nara.
Il fut autrefois le temple tutélaire du clan Fujiwara, famille très influente pendant l’ère Heian (794-1185), qui s’accapara les rênes du pouvoir grâce à de savantes politiques de mariage au sein de la famille impériale. Fondé en 669 par Kagami no Ōkimi, il fut à l’origine un lieu de prières dédié à son défunt mari, Fujiwara no Kamatari, ancien homme d’Etat, fondateur du clan Fujiwara. Initialement construit aux alentours de Kyoto, le temple fut déplacé à deux reprises puis, lorsque la capitale du Japon fut transférée à Nara, il fut finalement érigé à son emplacement actuel.
Le Kōfuku-ji est le temple principal de la secte bouddhique Hossō au Japon (parfois dénommée Yuishiki). Originaire de Chine, l’école Hossō se veut néanmoins de tradition indienne. Elle nous apprend que notre perception de la réalité provient de l'esprit, et non de l’expérience du monde physique qui nous entoure. En plus du Kōfuku-ji, nombre de temples majeurs appartenaient autrefois à l’école Hossō, comme le Hōryū-ji à Nara ou le Kiyomizu-dera à Kyoto. Cependant, suite à l’essor du tourisme au 19ème puis au 20ème siècle, ne souhaitant pas reverser une partie de leurs revenus touristiques à l’école Hossō, les propriétaires de ces temples choisirent de s’en affranchir, et ce vers le milieu du 20ème siècle. A Nara, le Kōfuku-ji et le Yakushi-ji, eux, subsistent encore. Bien que l’influence de la secte bouddhique Hossō se soit considérablement réduite au fil des siècles, elle demeure encore de nos jours présente au Japon, longtemps après s’être éteinte en Chine et en Corée.
Aujourd’hui, il ne reste qu’une infime partie des 175 pavillons qui composaient le temple à son apogée. Parmi ceux-ci, deux pagodes, dont une à trois étages et une à cinq étages qui, avec une hauteur de 50,1 mètres, est la deuxième pagode la plus haute du Japon. L’une et l’autre ont obtenu le statut de Trésor National, distinction culturelle la plus importante du pays. Le « pavillon doré de l’Est » (Tōkon-dō), lui aussi désigné Trésor National, abrite une majestueuse statue de Yakushi Nyorai (le « Bouddha guérisseur »). La collection du musée du Kōfuku-ji (le Kofukuji National Treasure Museum) comprend un grand nombre de statues, de tableaux et de documents historiques classés Trésors Nationaux ou Propriétés Culturelles Importantes, et met en lumière de nombreux éléments visant à approfondir notre compréhension du bouddhisme. Dans l’enceinte du temple se trouvent également deux pavillons octogonaux, dont celui placé le plus au sud – le Nanen-dō – figure en 9ème place du pèlerinage Kansai Kannon, pèlerinage composé de 33 temples bouddhistes de l’Ouest du Japon, tous dédiés à la déesse Kannon.
Assez rare pour être souligné, le Kōfuku-ji est accessible gratuitement, tous les jours, 24 heures sur 24. De surcroît, le temple est bien éclairé de nuit, un plus non négligeable si l’on considère que la plupart des temples de Kyoto et de Nara ferment leurs portes entre 16h et 17h. Quant au musée et au « pavillon doré de l’Est », ils sont uniquement ouverts de 9h à 17h (dernière entrée à 16h). Pour l’un comme pour l’autre, le tarif de la visite reste tout à fait raisonnable. Si vous souhaitez visiter les deux bâtiments, un billet combiné est également disponible à prix réduit.
Remarque : des travaux de rénovation pour la reconstruction du « pavillon doré Médian » (Chūkon-dō), ravagé en 1717 par un incendie, sont actuellement en cours sur le site du Kōfuku-ji. Devant se terminer à l’horizon 2018, d’autres travaux de rénovation seront alors mis en place, jusqu’en 2023. Quoi qu’il en soit, cela ne devrait pas vous empêcher d’en profiter car, même en rénovation, le Kōfuku-ji reste un monument incontournable, l'un des plus beaux trésors de Nara.