A une trentaine de kilomètres de Wakkanai, le cap Soya est officiellement le point le plus au nord du Japon accessible (à l'exception d'un minuscule îlot inhabité et inabordable) à 45,31° de latittude nord. De là, par temps clair, il est possible de voir la Russie. Et plusieurs monuments commémoratifs reviennent sur l'histoire des découvreurs de la région.
Bien que l'île russe de Sakhaline ne soit distante que de 43 kilomètres, curieusement, ce ne sont pas le Japon et la Russie qui se rencontrent au Cap Soya. Non, ce sont bien la France et le Japon qui sont liés aux confins nord du pays, via deux de leurs plus célèbres explorateurs.
L'histoire commence côté Français, quelques années avant la Révolution française mais à plus de 10000 km. Le comte de La Pérouse, pendant sa longue expédition autour du monde, est le premier Européen à naviguer entre Sakhaline et Hokkaido, avant de s'approcher du Kamchatka. C'était le 11 août 1787. Presque cent ans auparavant, des Hollandais s'y étaient aventurés mais avaient conclu trop rapidement que le détroit était une baie.
Aujourd'hui encore, dans les autres langues que le Japonais, ce trait d'union entre la mer du Japon et la mer d'Okhotsk s'appelle le détroit de la Pérouse. En l'honneur du comte qui y était passé à la tête de deux frégates.
Au bout du cap Soya, que La Pérouse avait baptisé cap Crillon, se trouve la statue d'un lettré de l'ère Edo, main gauche sur son katana. Mamiya Rinzou (1775 – 1844) a écrit la page suivante de l'exploration de la région. Ce cartographe de la province d'Hitachi reçoit au début du XIXe siècle la mission de cartographier Ezo, l'actuel Hokkaido. En 1808, il atteint l'île de Sakhaline, alors possession japonaise. Puis en juillet 1809, il atteint par la mer la Sibérie russe.
Résultat de ces 15 mois d'explorations de la région, il revient en étant le premier Japonais à confirmer le caractère insulaire de Sakhaline, que tous pensaient jusqu'à présent rattachée au continent. En son honneur, le détroit de Tartarie qui sépare l'île de la Sibérie s'appelle en japonais Mamiya Kaikyou, le « détroit de Mamiya ».