L'Espoir dans des Lieux Sinistrés

Cinq ans après le Grand Séisme de l'Est du Japon

Cette année, alors que je préparais le mariage d'un ami, j'ai lu les inscriptions sur le mur de l'Ecole du dimanche, et je les ai médité : "vous êtes bénis lorsque vous partagez ce que vous avez, car alors tout le monde dispose de ce qui est nécessaire à une vie agréable". 

Lors de la cérémonie de mariage, le pasteur a parlé d'amour, et nous a fait part de l'histoire d'un couple qui se trouvait en Italie l'année dernière, à bord d'un bateau sur le point de couler, le Costa Concordia. Il n'y avait qu'un gilet de sauvetage pour deux, et comme la femme ne savait pas nager, son mari le lui a donné. Elle avait peur de sauter du haut du bateau, alors son mari est passé en premier pour être à ses côtés après qu'elle ait plongé. L'eau était sombre et glacée, à 8 degrés Celsius, et elle n'a jamais revu son mari.

Cette histoire m'a rappelé toutes les personnes emportées par la mer au cours d'un jour d'hiver glacial, le 11 mars 2011. En regardant le film "L'Odyssée de Pi" présentant un naufragé dans le Pacifique, on se remémore leur courage, bravant la peur.

En septembre 2011, je me suis rendu dans les préfectures de Miyagi et d'Iwate avec un groupe de personnes, pour visiter des victimes du tsunami. A vrai dire, nous craignions qu'ils soient submergés par la souffrance, mais c'était l'inverse. Je me souviens d'une femme âgée qui avait perdu sa famille dans le tsunami, dont le visage s'est illuminé à notre vue et qui nous a remercié d'être venus d'Australie et de les garder à l'esprit. Cela faisait 7 mois que le tsunami était survenu et la plupart des gens avaient tourné la page alors qu'elle s'apprêtait à passer son second hiver dans un logement temporaire, loin de sa famille. Parfois la pauvreté et le besoin ne sont pas seulement matériels, mais aussi psychologiques et émotionnels.

Comme je ne pouvais passer que quelques jours au Japon, je voulais apporter une aide sur le long terme à ces communautés, et suis devenu, avec un petit nombre d'hommes et de femmes du monde entier partageant le même état d'esprit, l'un des membres fondateurs de Japantourist, connu plus tard sous le nom de Japantravel.

Afin de faire de ce projet une fondation inébranlable dans le futur, JapanTravel a lancé un programme de stage à destination des jeunes gens visant à développer leurs moyens de communication, leurs capacités directionnelles et leurs compétences en matière de recherche. Nous souhaitons les entraîner pour faire d'eux des personnes capables de communiquer et de diriger de manière efficace par le biais d'une rédaction encadrée pour Japantravel.com. Ils développeront les compétences permettant d'articuler des témoignages avec clarté et conviction, et en contrepartie, nous les accompagnerons et leur apporterons les capacités qui les intégreront à la communauté au mieux. En voyageant à travers les régions et en rencontrant et interviewant des personnes qu'ils n'auraient pas l'occasion de rencontrer autrement, ils construiront des passerelles vers la compréhension et apprendront davantage sur eux-mêmes et sur le monde.

Mon travail au sein de JapanTravel a ouvert de nombreuses portes, dont la présentation qui s'est tenue à l'occasion des Rencontres avec le FMI et la Banque Mondiale à Tokyo. Se retrouver face à ces dirigeants m'a permis de constater leur passion pour la construction d'une force dans un monde fragile, dépendant de chacun d'entre nous. Un ministre du Costa Rica s'est exprimé sur le besoin pour tous les jeunes d'être expérimentés dans le domaine des arts créatifs comme dans les compétences basiques, qui leur donneront une opportunité dans une économie de l'information. D'un autre côté, Japan Travel m'a donné l'occasion d'observer les innovations de première main, en interrogeant le fondateur d'une société qui a développé des couvertures médicales pour donner aux gens atteints de démence une seconde chance dans la vie, comme en étant chargé du bon déroulement d'un voyage en plaçant également des couvertures cette fois dans un hôtel de Tokyo pour aider à trouver le sommeil et ainsi réduire les effets du décalage horaire.

Le 11 mars 2016 marque le cinquième anniversaire du tsunami. Au Japon, il existe un festival ancien appelé Shiji-go-san. Il s'agit d'un rite de passage pour les enfants, marquant leur troisième, cinquième et septième année sur terre. Le Shiji-go-san aura une signification supplémentaire pour moi cette année, puisque la première génération d'enfants nés depuis le tsunami fêtera ses cinq ans. Lorsque qu'ils se remémorent leur enfance, la plupart des gens trouvent difficile de se rappeler clairement de leurs premières années. De quoi cette génération va-t-elle se rappeler et que va-t-elle apprendre de ces évènements tragiques, comme de la reconstruction et de la quête pour la création d'une communauté qui les succèdent ? J'espère que les initiatives et les stages de la communauté Japantravel nés en réponse à ces jours tragiques laisseront une contribution durable de partage de nos talents et de nos ressources, afin que tout un chacun ait ce dont il a besoin pour avoir une vie agréable.

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Laurine Thiodet il y a 8 ans
Merci pour ce témoignage touchant. Je suis sans voix face à de tels maux... J'espère contribuer à ce beau projet pour pouvoir personnellement grandir et enrichir les autres par mes découvertes nippones.

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