Le Tanzan jinja, perdu dans les montagnes de Sakurai, dans la préfecture de Nara, est un sanctuaire shinto renommé pour ses couleurs automnales, ravivées par le rouge brillant des bâtiments du temple. L’automne au Japon est en effet réputé pour ses momijis, des érables rouges qui ne perdent que tardivement leurs feuilles, passant avant cela par toute une gamme variée de couleurs qui ravissent l’œil du visiteur. Rouges, jaunes, orangés éclatants sous un ciel bleu d’azur. On se perdrait dans la profusion des couleurs qui s’offrent aux yeux. Dans l’air frais de cette mi-novembre, le contraste des couleurs est d’autant plus marqué avec les conifères des montagnes qui entourent le sanctuaire.
Le sanctuaire Tanzan a été construit en 678 et il est dédié au prêtre Jokei, le fils de Fujiwara no Katamari. Ce dernier fut le fondateur du fameux clan Fujiwara. Seule la pagode, sublime dans les couleurs rougeoyantes de ce milieu d’automne, existait à l’origine. Celle visible aujourd’hui a été construite en 1532, pendant la période Muromachi, et mesure 17 mètres de haut.
L’histoire du temple est passionnante ; elle trouve ses sources dans un épisode essentiel de l’histoire japonaise, les réformes de Taika. Ces réformes, décidées après le coup d’état de 645, permirent au système impérial japonais de se renforcer, créant un gouvernement centralisé sur le modèle de la Chine des Tang et unifiant le système de taxes. Elles assirent l’autorité de l’empereur, et par là l’unification du Japon, jusque-là divisé en clans. Le sanctuaire de Tanzan est connu, car c’est sur le mont Tonomine, où est érigé le sanctuaire, que Fujiwara no Katamari et le prince Naka no Oe, futur empereur Tenji, se sont consultés et ont décidé de la marche à suivre. Ils se sont résolus à détrôner Soga no Iruka, dont le clan régnait sur la cour impériale depuis plus de 50 ans, et à renforcer le pouvoir impérial. S’ensuivit l’incident d’Isshin, où Soga no Iruka fut assassiné, qui permit à l’empereur Tenji d’accéder au trône.
A l’entrée du sanctuaire, on trouve beaucoup de petits stands et de produits locaux ; des kakis, surtout en automne, puisque c’est la saison, mais aussi des gâteaux, des mochis (pâte de riz) grillés et fourrés à la pâte de haricots rouges, ou des narazukés (légumes marinés dans de la saumure de saké, met typique de la préfecture de Nara).
Le sanctuaire est composé de plusieurs bâtiments, dont un très beau haiden, hall de prière, avec une terrasse où s’alignent des lanternes traditionnelles. On peut également entrer dans la montagne pour aller voir le lieu où Fujiwara no Katamari et l’empereur Tenji se consultèrent. C’est à 10 minutes de marche derrière le temple, perdu dans une forêt de cèdres. On passe alors devant un « power spot » à l’arrière du sanctuaire, un ruisseau de montagne qui cascade sur quelques rochers, qui permet de se ressourcer et de se revivifier.
En avril et en novembre ont également lieu des matsuris (festival) de kemari, un jeu de balle, où les participants jouent dans des tenues de la période de Heian, pour commémorer l’histoire du temple.