Au Japon, l'art de tatouer a connu une histoire longue et litigieuse. De son utilisation médiévale en tant que châtiment permanent infligé aux prisonniers à ses liens plus récents avec les gangs du crime organisé yakuza, cet art jadis florissant est vu avec beaucoup de scepticisme et parfois même avec une aversion extrême par de nombreux individus nés au Japon. Deux talentueux tatoueurs de l'arrondissement de Meguro à Tokyo prouvent au travers de leurs créations qu'il y a beaucoup de beauté dans l'art de l'auto-décoration.
En fait, Ron, le propriétaire de Shiryudoh, n'appelle pas ses créations des tatouages, mais plutôt saiten, un mélange d'irezumi traditionnel (tatouages japonais) et de styles marqués par des influences étrangères. Les travaux personnels de Ron sont principalement le résultat d'une année passée à explorer les cultures variées de l'Asie du Sud-Est et des îles du Pacifique. On peut en effet distinguer des touches de l'héritage artistique d'Asie du Sud-Est dans la dentelle formée par les boucles de ses saiten.
Si les tatouages traditionnels japonais sont colorés et tendent à recouvrir le corps entier, les saiten de Ron sont majoritairement réalisés dans une simple encre noire. La taille et l'endroit dans lequel le dessin est placé varient en fonction des désirs du client, mais les saiten demandés mesurent en moyenne 12 à 15 centimètres, ce qui est bien loin des tatouages couvrant le corps de la tête aux pieds, qu'on associe aux criminels.
Bien que de nombreux clients viennent au Shiryudoh pour les fins dessins géométriques de Ron, les autres tatoueurs du studio répondent aux besoins d'une foule dont les goûts sont légèrement différents. Haku Psychose, une tatoueuse née en France, est fan d'animes japonais de longue date. Comme son nom le suppose, ses dessins combinent une sensibilité aux cultures japonaises et occidentales. Si les saiten de Ron sont reconnaissables par leur absence de couleur, les dessins de Haku sont quant à eux colorés de manière audacieuse et remarquable. On distingue clairement sa formation aux Beaux-arts dans ses personnages qui semblent presque vivants et plutôt ressemblants (bien que chaque dessin soit toujours légèrement modifié afin de ne violer aucun Droit d'Auteur). Les teintes de jaunes vifs et de rouges flamboyants, courants dans les animes dont Haku tire son inspiration, sont mêlées à des ornements artistiques plus subtils pour créer un style défiant une simple catégorisation.
Malgré la créativité hors norme de leur approche du tatouage, seuls 15% des clients de Ron et de Haku sont des personnes nées et vivants au Japon. Le reste de leur clientèle est composée de clients leur ressemblant davantage : des étrangers en visite ou résidant au Japon et à la recherche d'un souvenir permanent de leur temps passé dans le pays, ou bien des Japonais ayant vécu et largement voyagé à l'étranger.
Shiryudoh est un petit studio et sort bien des sentiers battus des quartiers résidentiels voisins de Toritsu Daigaku. Les personnes cherchant un studio de tatouage progressiste avec une ambiance asiatique devraient certainement envisager de s'en remettre aux talents de Ron et de Haku pour leur prochain - ou premier - tatouage.
Rendez-vous sur la page d'accueil du Shiryudoh, rédigée en deux langues, pour accéder aux instructions détaillées, aux horaires de rendez-vous ainsi qu'aux informations sur les tarifs appliqués.