Il est dit qu'à Niigata on peut boire une sorte de saké différente pour chaque jour de l'année. Même les buveurs invétérés pourraient trouver difficile de s'enfiler tout ça en un court séjour, mais ce serait surement impoli de ne pas en goûter au moins un ou deux. Pour ça, il n'y a pas de meilleur endroit pour commencer que la brasserie Imayotsukasa, justement située à proximité de la gare de Niigata.
Ma découverte de cette brasserie fine (ou sakagura en japonais) est purement le fruit du hasard. En compagnie d'un ami, nous avons fait de l'auto-stop depuis Nagaoka, et alors que nous nous approchions du centre de la ville de Niigata, le soleil pointa le bout de son nez pour la première fois depuis 24h. Un passage à l'office de tourisme local nous fit rencontrer une délicieuse demoiselle qui nous dit que si nous étions intéressés pour boire du saké (nous l'étions), une visite de la brasserie Imayotsukasa allait commencer dans l'heure, et que nous devrions nous dépêcher d'y aller car c'était la dernière heure de la journée. Ne nous y faisant pas prier, nous nous rassasiâmes d'un repas frugal et rapide à la gare, et nous nous hâtâmes à travers les rues étroites qui conduisaient à la brasserie.
Abritée dans un ancien bâtiment en bois sur le bord d'une tonitruante autoroute à six voies, nous fûmes surpris d'apprendre que cette route était autrefois un canal, utilisé à l'époque pour transporter des biens et personnes. Cependant, bien que le lieu ne soit pas très tranquille, le bâtiment en lui-même était une magnifique construction en bois du XIXe siècle, légèrement délabrée et entourée de quelques cerisiers sur le point d'arriver à éclosion.
Le tour de la brasserie était excellent, car en plus des habituelles informations sur le processus de brasserie du saké, le maître brasseur réussit aussi à nous fournir des informations croustillantes à se mettre sous la dent. Par exemple, le point de congélation d’une boisson alcoolisée est simplement le négatif de son pourcentage en alcool. Donc, une bière à 5% sera congelée à -5°C, tandis que les 40% d’alcool contenus dans la vodka la protègent contre la congélation jusqu’à la température frisquette de -40°C. Un autre point en faveur de la visite est qu’elle était complètement gratuite.
Après que nous ayons suivi la visite et rempli nos caboches de détails concernant la brasserie de saké, nous fûmes conduits dans une petite antichambre, où le maître brasseur aligna huit bouteilles de saké sur la table.
« Servez-vous » dit-il.
Mon compagnon et moi ne nous fîmes pas prier. Souvent les visites de brasserie de saké peuvent s’avérer un petit peu limitées en ce qui concerne la quantité disponible à la dégustation, et nous n’étions jamais allés quelque part où le saké était offert. C’était une opportunité en or pour s’en mettre plein le gosier.
Les huit sakés étaient excellents – j’ai particulièrement préféré le saké genshu (forme originelle), que j’ai trouvé bien rond en bouche, fruité, et assez fort pour laisser une plaisante chaleur dans la bouche. Le saké Junmai (pur), valait aussi la peine qu’on le goûte à plusieurs fois.
La visite est entièrement en japonais, mais le Brasseur a fait un effort pour expliquer les points importants avec le peu d’anglais qu’il connaissait, et la dégustation après cela peut être appréciée par n’importe qui, quel que soit le langage !
Nous quittâmes les lieux un peu moins bêtes, légèrement plus joyeux, et par-dessus tout complètement satisfaits, et ce sans avoir déboursé un seul Yen. Si mes voyages m’amènent un jour à nouveau à Niigata, je sais où je retournerai en premier.