À moins d’une heure en Shinkansen (train express japonais) au sud-ouest de Tokyo se trouve la péninsule d’Izu. Réputée pour ses plages, collines, Onsen (station thermale) et auberges au style traditionnel, cette région figure parmi l’une des destinations préférées des Japonais.
Je vais vous faire partager deux des trésors de cette région : les Kawazu-Zakuras et le Wasabi.
Kawazu-Zakura (河津桜)
Tout amateur du Japon rêve de pouvoir parcourir les parcs et rues entourés de cerisiers lors de la saison des cerisiers en fleur. Malheureusement, cette beauté éphémère ne durant que 2 semaines, planifier son voyage à l’avance demeure périlleux. Bien entendu, la floraison des cerisiers varie selon les régions. Mais savez-vous qu’il existe une espèce de cerisier qui fleurit près d’un mois plus tôt, et se laisse admirer pendant près d’un mois ?
Il s’agit des « Kawazu-zakura », majoritairement présents dans la ville de Kawazu dont ils tiennent leur nom.
De début Février jusque début Mars, vous pouvez admirer le long du fleuve Kawazu ces magnifiques cerisiers aux larges pétales roses en pleine fleuraison le long d’un chemin de près de 3,6 kms. N’hésitez pas à vous arrêter sur les différents stands pour tester différentes spécialités culinaires de la région, telles que les mandarines, des confiseries aromatisées au Sakura ou même du Himono, sorte de poisson fumé.
À 15 minutes à pied de la station de Kawazu se trouve le premier Kawazu-zakura. Il fût planté par M. Iida près de 60 ans auparavant en bordure de sa maison. Il aura fallu presque 30 ans pour apercevoir les premiers bourgeons, et ainsi découvrir qu’il s’agissait d’une nouvelle espèce de sakura, fleurissant plus tôt mais également plus lentement.
Ochiairou Murakami
Ce Ryokan (hôtel traditionnel japonais), situé au cœur de la forêt Yugashima, offre à ses visiteurs un cadre bucolique et une vue sur de superbes paysages.
Construit il y a près de 150 ans à côté de sources chaudes naturelles (onsen), ce lieu de prestige propose des dîners gastronomiques, diverses bains publiques (en intérieur, extérieur, mais également dans une cave !) pouvant être réservés pour une utilisation privée ainsi que des chambres purement ou partiellement traditionnelles. De la signification des motifs des différents shōji (porte coulissante japonaise), à certaines spécificités architecturales, le maître des lieux nous a fait découvrir certains des nombreux secrets de cet établissement remplis d’histoire.
Récolte et dégustation de Wasabi
Si je vous dis wasabi, peut-être vous remémorerez-vous cette pâte vert-pâle déposée à côté de vos sushis, ou peut-être penserez-vous simplement à de la moutarde version japonaise. Mais avez-vous déjà vu ou même goûté à du wasabi fraîchement cueilli ?
J’ai eu la chance de visiter une des plantations de Wasabi de Kameya Food Co. située sur le Mont Amagi dans la péninsule d’Izu. Ici, ce condiment typiquement japonais n’a aucun secret ! Tout est réuni pour permettre au wasabi de pousser. Baignant dans l’une des meilleures eaux minérales du Japon, dans un climat humide et à l’abri de la lumière directe, ce lieu réunit les conditions idéales.
Armée d’une petite pioche et d’une paire de bottes, je m’aventure dans l’un des paliers où poussent des plans et choisis ma victime. Je me saisis des branchages, donne un petit coup comme pour déraciner une mauvaise herbe, remue un peu et le plan part tout seul. Il ne reste plus qu’à couper son excédent de feuillage et le nettoyer de ses petites racines pour reconnaître la plante tant convoitée. Maintenant, place à la dégustation ! Pour le manger, il faut tout d’abord couper la racine par le haut, pour le séparer des départs de feuilles restants. Il ne reste plus qu’à le râper délicatement en faisant des mouvements circulaires par ce même côté pour obtenir une sorte de pâte aérienne. Pour cette étape, vous utilisez une râpe métallique ou, pour un côté plus traditionnel ; la râpe en peau de requin qui améliore le goût en permettant une meilleure oxydation lors du broyage. Et là, surprise, en plus du côté relevé attendu, il possède également une certaine douceur, un goût plus complet et raffiné que l’habituelle pâte industrielle.
Après cette expérience, direction une des usines de Banjo, entreprise spécialisée dans le conditionnement de wasabi et divers assaisonnements.
Si vous êtes déjà allé au Japon, vous avez sûrement déjà croisé voir consommé sans le savoir l’un de leur produit. En effet, en plus d’offrir divers produits dérivés du wasabi, tel que des sauces, tubes de wasabi etc., Banjo est aussi l’entreprise derrière l’emballage uni-dose de wasabi présent dans de nombreux bentos et est le fournisseur de certaines chaines de fast-food.
Après un tour de l’usine nous expliquant le processus de conditionnement, j’ai pu tester différentes sortes de préparation :
- Le « classique » mélange appelé « Oroshi Wasabi » composé de wasabi japonais et de raifort.
- L’ « Aragiri Wasabi » contenant de petits morceaux de tige, au goût plus léger.
- Le « Sawa Wasabi » composé uniquement de wasabi récolté dans la région d’Izu au Japon, avec un goût puissant mais complexe/riche.
Après la récolte et le conditionnement, cette aventure-wasabi ne serait complète sans une mise en pratique digne de ce nom : direction Kawasemi Honkan, restaurant spécialisé dans le tofu. Au menu : tofu, divers pickles pour l’accompagner, une sorte de lais onctueux dont je ne me souviens du nom, tempura de légumes, tamagoyaki (omelette japonaise), glace … Cerise sur le gâteau : le restaurant appartenant à Kameya Food Co., nous avons pu déguster ce repas avec notre propre wasabi récolté plus tôt !
Vous l’avez compris : le wasabi se décline et se savoure de bien des façons ! Je ne peux que vous encourager d’accompagner d’une pointe de wasabi vos prochains plats de tofu, sashimis, viande ou même sur une boule de glace (dans ce cas, du wasabi frais est conseillé).